Je m'offre le jeu infini des formes et tout ce que la rondeur des figures et la façon de les modeler peuvent cacher comme surprises. Je découvre des richesses, des variations, des rapports qui me surprennent. On peut ne voir de ce point de vue qu'une question sur l'image du corps ou une recherche sur le lien qui existerait entre certaines "Vénus" paléolithiques et d'autres, actuelles, aux corps façonnés par notre monde contemporain.

J'essaie également, et c'est le plus important, de faire passer dans mes sculptures une puissance de vie. Ces hommes et ces femmes doivent pouvoir exister avec leur part de liberté, de mystère, avec l'expression qui leur convient. Ils agissent, éprouvent des sentiments, s'abandonnent, s'expriment ou se taisent, s'affirment … Ils manifestent donc aussi le rapport qu'ils ont avec leur propre corps et sont (ou non) environnés par une présence qui les regarde. Un regard toujours extérieur ? De qui ?
Mais posent-ils pour autant comme un modèle ?

À première vue peut-être proches d'une représentation réaliste, mes sculptures ne sont cependant que l'expression modelée d'images que je cherche à capter, expression que j'essaie de garder la plus ouverte possible. Et si, de mon côté pour chaque pièce je place des signes, ceux que me permet la nudité de mes figures, j'essaie des équilibres différents au cœur ou au-delà d'oppositions ou de paradoxes. J'aime l'idée que ceux qui les regardent, en leur attribuant des images, des pensées, des sentiments qui résonnent en eux, en laissant ainsi un peu d'eux-mêmes, accordent à ces sculptures, ces images, une part de leur présence.